son

 

Joël

SAPIN

 

 

 

 

Souvenir de permission (A Jean-Marie THOMAS, qui a décidé de ne pas connaître ça)*

Novembre 1962 : première et unique permission depuis le 5 mars 1962, date de mon

incorporation à Rueil-Malmaison (aujourd'hui département des Hauts de Seine)

Dès mon arrivée chez moi, à Paris, il est de règle, et même, "impérativement obligatoire",

d'aller faire signer mon ordre de permission à la Caserne DUPLEIX,

(au nord de Paris).Seul moyen de transport : le Métro.

Pas question de me rendre dans cette caserne autrement qu'en uniforme.

Me voilà donc dans une rame de métro revêtu de la tenue "46" en drap kaki, et par dessus,

non pas une capote comme la plupart des militaires de cette époque, mais de deux burnous

superposés : un blanc et un bleu. Sur la tête, le képi gris-bleu à galon doré (celui de Brigadier-chef).

Pas besoin de dire que je ne passe pas inaperçu!

Mais dans le métro parisien, même en novembre, ainsi vêtu, on a vite très chaud.

Donc après quelques stations, je descends, et décide d'ôter les burnous et de les porter sur le bras.

Puis je monte dans la rame suivante. Alors, là........ ce sont des dizaines de regards qui convergent vers moi,

car sur la manche gauche du blouson est cousu un badge rouge, bien voyant "SAHARA".

Sur les épaules, des épaulettes rouge vif avec deux chevrons jaunes et un doré me faisant apparaître

comme un acteur d'une opérette d'Offenbach!!!

 

 

Les hommes - qui avaient également été militaires - me demandent ce qu'était ce grade, car sur les épaulettes,

il y avait normalement des barrettes d'Officier et non des chevrons, mais j'étais trop jeune (20 ans)

pour être Capitaine.

Et, enfin, j'entendis une dame dire à sa voisine -discrètement - "le Sahara, fait bien partie de l'Algérie?

Je ne savais pas que nous avions encore des soldats là-bas."

Est-il besoin de préciser qu'en effet, l'Algérie était indépendante depuis cinq mois et la 2ème CAST

ne sera rapatriée en métropole qu'en septembre 1963 depuis LAGHOUAT où elle s'était repliée.

Inutile de préciser que mon temps de permission, je l'ai passé habillé en civil!!!!!

* Nota : Jean-Marie THOMAS, Brigadier-chef au Service des Effectifs (62/1B) avait en effet décidé pour sa part de ne pas profiter d'une permission de détente, mais de passer tout son temps d'une seule traite en Algérie,

 

 

Poème de Joël SAPIN

Si, parmi ta famille, tes amis, tes copains,

Tu vois un homme fixer un horizon lointain,

Horizon sans limite qui seul lui appartient,

Peut-être est-ce un Marin, ou bien un Saharien

Que tu sois engagé, ou que tu sois appelé,

Vents de sable et soleil, nous devions supporter.

Pour toi c'était un choix, un devoir, un métier.

Pour moi, c'était l'espoir de m'en tirer entier.

SAHARIEN, souviens-toi de ce désert si vaste.

Tu y vivais rudement, sans luxe et sans faste,

Un peu comme les Berbères, attachés à leur caste,

Tu étais SAHARIEN.....SAHARIEN Deuxième CAST